mardi 31 mars 2009
L'œuf de Catherine chez Brigitte
L’œuf de pierre
Non, ce n’est pas l’œuf de Pierre.
Que Pierre se rassure, je n’aurais donné son cadeau à personne !
N’allez pas imaginer que je me sépare de l’œuf de pierre parce qu’il ne m’a pas été offert. Si l’œuf est là, c’est que je l’ai aimé !
Nouvel arrivage dans le magasin d’artisanat africain du quartier : des œufs de pierre, tous brun et noir, scarifiés de blanc. Pourtant aucun n’est pareil à l’autre.
J’ai pas choisi mais j’ai pris le plus beau. Beau comme un œuf, dense, et, je le découvre au fil de l’écriture, lourd de légers sous-entendus.
Lointain cousin de l’œuf de pierre, blanc, dans le poulailler de mes grand-tantes, posé là pour que les poules y pondent plutôt que dans la cour, le jardin ou le pré, car c’étaient des poules qui couraient !
Ou encore de l’œuf en bois glissé dans le bout de la chaussette à repriser.
Des œufs travailleurs, pas de la déco !
Mon œuf africain, lui, appelle à la rêverie. C’est un œuf de poète.
Couleur de terre et scarifié, il porte la marque du continent d’où il est venu.
Ces petits traits combinés de milles façons, que disent-ils ?
Je pense aux marques dont le prisonnier marque les jours sur son mur.
Je pense aux tablettes d’argile de l’écriture cunéiforme.
Des listes de marchandises.
Mais aussi l’épopée de Gilgamesh, plus ancienne que la Bible.
Il y a certainement d’autres choses à voir dans mon œuf. Je souhaite à celui ou celle qui en hérite de belles rêveries en sa compagnie.
Catherine Bouin