Macouria
Il était une fois un rêve.
Un rêve aussi fragile
Qu’une bulle de savon.
Celui de trouver les mots secrets du cœur.
Un rêve aussi léger
Qu’une feuille de papier Vergé.
Un rêve apporté dans les vents de Guyane
Par la fenêtre ouverte.

Il a glissé jusque moi
Sur cet avion de fortune
Enrichi de ceux qui l’avaient lu avant moi.

Macouria, tu as volé de mains en mains,
Tu t’es effeuillée de doigts en doigts.
Peut-être as-tu volé dans ces feuillets quelques larmes,
Quelques baisers.
Quand je respire l’haleine de tes pages,
Je sens une odeur de cire et de tabac.
Es-tu rangée dans une bibliothèque d’acajou Macouria ?
Ou es-tu une globe trotteuse ?
Je te crois aventureuse.
Es-tu fidèle Macouria ?
Ton cœur a-t-il déjà été brisé ?
T’avait-il blessé ?
Celui dont tu as rageusement englouti le nom
Dans ta blancheur salie.
J’ai découvert l’existence d’un pharaon
Banni dans tes pages.
Un pharaon qui pourtant t’aimait
« Et un peu plus encore… »
Macouria, je balbutie ton histoire
Que je ne pressens qu’à travers ceux
Qui t’aiment et t’ont aimé.
Serai-je la prochaine sur ta liste ?
Qui es-tu Macouria ?
Amie, sœur, amante, confidente ?
Combien de réconfort as-tu prodigué ?
Combien de rêves as-tu offert ?
À ceux et celles qui t’ont tenue,
Serrée, caressée,
Laissant filer nos doigts entre tes lignes
Et nos pensées entre tes mots.
Tu détiens nos secrets maintenant
En plus des tiens Macouria.
Prends-en bien soin.
Tout comme nous avons pris soin de toi.

Caroline Dreux